Je n'arrive pas à travailler... je n'arrive pas à me concentrer.
Vous avez tous entendu parler des CPE, qui n'en a pas eu vent, entre ces étudiants brandissant pancartes et slogans, appellant à la révolution, et ces dirigeants, campant sur leurs positions, accusant un mouvement de contestation qu'ils jugent non représentatifs de la jeunesse française.
Et moi au milieu de tout cela ? Moi, j'en ai fait des manifs pour des causes que je jugeais juste, j'en ai fait des discours à mes amis, devenant toute rouge, tant j'étais outrée ou stupéfaite. l'actualité me concerne, le monde, la société me fascine, et me fait peur,en comprendre les fonctionnements, les mystères, m'aide à maitriser ce sentiment de lassitude qui m'envahit si souvent, ce sale gout dans la bouche quand je regarde yeux dans la yeux ma génération vivre, penser, exister, se débattre....
Dés le début il y a de cela quelques semaines, je me suis mobilisée, AG, manifs, discussions, recherches d'informations sur le sujet...nous n'étions pas beaucoup à ce moment là, le mouvement restait discret.
je me suis clairement positionnée contre, mais déjà à ce moment là, j'étais irritée par la politique de récupération des mouvements de gauche et d'êxtrème gauche,irritée par ceux qui mélangeaient tout. je suis d'accord sur le fait que le gouvernement en place n'est pas ce qu'il y a de mieux, et pour sur, je me positionne sur l'échéquier politique entre la gauche et son extrème. je suis consciente qu'il y a de nombreuses luttes à mener, et chaque jour m'éclate à la gueule des problèmes récurents de notre société que j'essaye de gérer de moi à moi, en réprimant cette envie de me coucher par terre, et de pleurer jusqu'à ce que les choses changent.
Mais là il s'agit des CPE, pas du gouvernement de droite dans son ensemble. Il ne s'agit pas de hurler "sarkosy enculé", ou même "villepin enculé", il ne s'agit pas non plus de se faire servir du "kamarade" à toutes les sauces. dans toutes les AG où je suis allée, les gens se succédaient, et pendant des heures on débattait entre partisan de gauche et partisan d'êxtrème gauche... Et moi je dis merde, si on veut que notre mouvement soit cohérent, ne soit pas effrayant pour ceux qui hésitent encore, il s'agit d'être uni, face à la menace du CPE, il s'agit de dire NON à une future précarité de l'emploi, à des conditions inacceptables, il s'agit de penser ensemble à des alternatives acceptables....
Je dis PENSER, et ce mot par rapport à ce mouvement est problématique.... Car combien dans ces étudiants, ont vraiment penser à ce CPE, combien ont lu entièrement le projet de loi, qui fait plusieurs pages, combien ont pesé le pour et contre, combien se sont interrogés, et combien ont vraiment envi de réfléchir à ce qui pourrait être fait pour améliorrer notre futur....
Occupation des fac, blocus, je dis OUI, mille fois oui, et j'y suis allée dormir au campus. Nous étions une centaine. les 3/4 étaient bourré ou défoncé, on ne discutait pas, on faisait la fête, on se croyait grand et révolutionnaire, la bière coulait à flot, et les joint succédaient aux joints, dans une ambiance amorphe. j'étais là, lisant ce foutu projet de loi, face à moi une marée de dreds, de pantalons larges, de foulars, de couleurs, et j'étais en colère. J'ai essayé de discuter avec certaines personnes de ce projet de loi, essayait d'engager un débat, parce que ce n'est pa si évident de s'opposer au CPE, rien nada, personne ne l'avait lu ce projet, et si les gens étaient réuni c'était pour l'exceptionel de la situation, pour la coolitude de ce qui se passait, pour ce sentiment de puissance que l'on ressent lorsque l'on est en groupe...
Je leur aurais demandé ce qui les dérangeait dans ce CPE, ils m'auraient répondu ce qui se dit à la radio,mais ça les aurait fait chier de discuter.
Alors je suis bloquée, le CPE, ça me met en colère, et je ne peux pas rester là sans rien faire, attendre que cela se passe, parce que je suis une inconditionelle du mouvement, parce que malgrés tout le dégout que m'inspire le monde, je veux croire que tout peux changer alors je voudrais agir, mais avec qui et comment ? AU milieu de cette jeunesse, de ces étudiants mobilisés, je ne me sens pas à ma place, parce que j'ai l'impressions que leurs motivations sont inexistantes, superficielles, parce que passer une nuit à les regarder gratter leurs guitares et fumer ça m'interesse pas. Et que j'ai l'air d'une vieille réac quand je dis ça.j'aime boire, j'aime fumer, je le fais, mais il y a un temps pour tout, j'aime danser, rire, me sentir partir, mais dans d'autres circonstances.
j'ai 18 ans, et des milliers de questions, de doutes, un sens critique développé et souvent excessif, je ne suis pas parfaite, et mes idées poilitques me semblent souvent être influencées par celles de mes parents, du coup je fais tout pour me forger la mienne, pour mieux comprendre... mais j'ai tellement l'impression qu'à mon age, les gens ne s'interrogent pas réellement sur ces points là, et si ils le font, ce n'est que pour SE REGARDER EUX MEME PENSER....
Depuis un certain temps, la connerie me fait peur, enfin je veix dire une frousse réelle. Les masses me font peur, parce que à l'interieur de ces grands groupes, beaucoup perdent leur individualité, et se mettent à penser à agir, comme un leader, parce que plus on est nombreux, plus on est exacerbé, plus on se sent fort, et forcément dans notre bon droit.
Quand je vois, que certains crament des bouquins, tagent les murs de "je ne veux pas travailler", ou "CRS = SS", que certains insultent, bousculent des étudiants qui voulaient aller bosser, j'ai honte, honte de faire partie de ce mouvement de contestation, honte qu'on mi'dentifie à ça. Honte pour ces jeun's cool qui n'en ont surement rien à battre de leur avenir, surement rien à battre du caractère violemment anti démocratique du CPE, mais qui plus que tout aiment à se sentir différents, révolutionnaires, qui parlent de mai 68 sans même savoir que mai 68 c'était peut être cool, c'était peut être une pèriode clé, mais c'était aussi énormément de petits cons qui voulaient casser du flic et du CRS, qui se mettaient à 10 sur un d'entre eux, qui brulaient les livres qui ne leurs plaisaient pas comme les nazis l'avaient fait avec les ouvrages juifs, qui devenaient eux même à la limite du fascisme....
Que ma génération se mobilise, qu'ele réagisse enfin, ça me plairait tellement, de voir qu'on est pas seulement dirigé par la télé et par les apparences, qu'on est encore capable de dire non, de s'organiser, mais je doute du bien fondé des raisons pour lesquels ils bougent, de la manière. Je doute qu'ils aient vraiment effectué ce proccesus de réflection, de réfutation, d'interrogation, qui m'a mené après lecture du projet à être vraiment dégouté par ce CPE.
j'ai peur de finir blaser, aigri, de ne plus vouloir me battre pour des causes qui me tiennent à coeur,parce que j'aurais l'impression d'être seul, parce que j'aurais l'impression que c'est vain.
J'ai peur de ce qui nous attend, nous jeunesse de france, tous "fils de france" comme disait saez, nous génération internet, qui sommes capable de se mobiliser contre le CPE, mais incapable de se mettre en colère contre le statut de la femme, contre la betise, contre le trou de la couche d'ozone, contre nos propres incohérences, il est toujours plus facile de ne pas se regarder en face, surtout pas, de ne pas s'interroger sur nous même et l'utilisation qui est faite de notre colère, de ne pas se remmetre en question.
Peut être est ce mieux, mieux vaut surement rester dans un flou protecteur, ne pas chercher à se comprends, ne pas se demander si on est en accord avec soi même, rester à survoler le coté immergé de l'iceberg, les cons sont toujours plus heureux...
